Elle est comme détachée, presque indifférente. Elle se demande sans émotion si c'est normale. Elle s'étonne de ne pas s'effondrer, elle s'étonne de ne pas avoir mal, de ne pas hurler sa peur, son angoisse, elle s'étonne de ne pas éprouver la peur, l'angoisse. Elle a l'impression que sa vie est devenue un scénario, d'ailleurs elle pense les évènements de façon romanesque, de belles scènes tragiques, mais pas réelles.
Elle pense "surement que c'est l'instinct de survie, surement que si elle éprouvait les émotions qu'elle est sensée éprouver dans ce type de circonstances, cela ferait vraiment trop mal, alors elle n'éprouve rien." Elle continue à vivre sa vie, à faire les gestes, à dire les mots de sa vie d'avant, rien n'a changé en apparence.
Quand elle est seule, son cerveau tourne en boucle des images de la suite des évènements, comme au cinéma quand la musique prend le pas sur les dialogues. C'est sa vie qu'elle voit, la musique de sa vie, et quand elle se retrouve tout près du précipice de l'émotion, son cerveau fait "switch off", alors elle plie du linge, elle ramasse un jouet égaré, elle ne pense plus à rien, vide, néant. Jusqu'à ce que les images se reforment. Elle a la sensation que tout cela se fait sans elle. Elle ne décide pas de ses réactions, elle ne subit pas non plus, elle se laisse faire, peut être, elle se fait confiance, peut être que c'est la seule façon de gérer ça.
Elle s'adapte tout doucement à l'éventualité du pire, elle se projette loin, très loin devant, elle ne peut pas se projeter dedans, alors elle se projette dans l'après, quoi qu'il arrive il y aura un après, ça elle peut le concevoir.
Elle ne pense pas que c'est injuste, elle n'est pas en colère, plus du tout. Elle l'a été incroyablement au tout début et c'est passé très vite comme une bourrasque de vent soudain. Elle accepte, parce qu'elle n'a pas le choix, elle sait qu'elle n'a pas le choix. Elle sait qu'elle va avoir besoin de toutes ses forces et qu'elle ne peut pas se permettre de les gaspiller dans la colère, dans la révolte. C'est pour cela sans doute, qu'elle n'éprouve rien, elle est déjà dans la position du combat qui l'attend.
Elle se pose des questions pratiques, des questions techniques, elle se demande quelles conséquences cela va avoir sur les prochaines vacances, elle se demande ce qu'elle va dire à qui et comment, elle se demande si elle sera soutenue. Elle se dit qu'il ne vaut mieux pas compter dessus, elle a déjà été déçue.
Elle a dans la tête cette phrase absurde entendu dans une pièce de théâtre "on ne traverse pas les épreuves, ce sont les épreuves qui nous traversent", ça ne lui semble plus absurde du tout maintenant.
Après tout, ce n'est pas son épreuve, elle n'est que la compagne, c'est ça son job "accompagner" l'autre dans son épreuve. Elle s'en fout bien de son émotion à elle, de ses peurs, ça ne doit pas compter, ce n'est pas sa vie, c'est la vie juste à côté qui se joue, elle n'a qu'une chose à faire, se tenir debout à ses côtés. C'est ça, qu'elle veut faire, c'est celle là qu'elle veut être.
4 réactions
1 De Anne
- 23/06/2011, 11:32
Ca sonne si familier...
2 De luce
- 23/06/2011, 14:20
Anne : Ceci est une fiction, toute ressemblance avec une personne existante ou ayant existé serait donc tout à fait fortuite ;-)
3 De Anne
- 23/06/2011, 14:39
Ca n'empêche pas de sonner familier dans ma façon de ressentir les choses ! Mais bien sûr :-)
4 De luce
- 23/06/2011, 14:51
Anne : ben non, ça n'empêche pas, ça c'est sur ;-)