Pendant que j’étais alitée, clouée au canapé par la chimio, comme je n’avais la force de rien, j’ai commencé à inventer une histoire dans ma tête. Au début, c’était comme le pitch d’un film. L’histoire d’un homme de 50 piges, dépressif qui s’ignore et qui par le miracle des coups durs de l’existence va finir par s’éveiller. Puis j’ai imaginer un contexte, des personnages autour. En le racontant à mon amoureux, il m’a dit que ça ferait un roman. Un roman … Quelle entreprise ! J’ai commencé à coucher quelques mots. Insatisfaite, j’ai laissé tomber. Puis j’y suis revenue lors d’une éclaircie d’énergie et ça m’a amusée. Puis j’ai à nouveau laissé tomber. Il faut du temps de cerveau disponible pour rêver afin de faire avancer l’intrigue et mon cerveau est pas mal pris par des tas de trucs en ce moment. Mais je vais cesser de dire que je laisse tomber. Je vais me dire que c’est en pause, à l’occasion j’y reviendrai.

J’ai commencé à écrire en mode narrateur, mais le ton ne me satisfait pas. Je n’avais pas osé le “Je” par crainte de n’être pas crédible dans le cerveau d’un homme. Et puis, j’ai fini par me dire qu’on s’en fout, après tout, j’écris ça pour me faire plaisir, si ça m’amuse plus d’écrire en “Je”, c’est bien l’essentiel. Alors j’ai repris ce que j’avais déjà couché sur le clavier et tout repassé à la première personne du singulier. Je crois que ça me plait d’avantage.

Il n’y a pas longtemps j’ai réalisé que dans ce personnage, il y avait pas mal du François quand je l’ai connu. Probablement parce qu’il est le premier homme en qui j’ai eu confiance et qu’au fond c’est de ça dont je voudrais parler, d’une autre masculinité, non toxique elle, des gentils. Quand j’évoque les gentils je pense à François et aussi à Gilles bien sur, la quintessence de l’adorabilité. Je pense aussi à Franck, à Philippe. A ces hommes, ces amis, ces maris de copines, qui sont des vrais gentils. Finalement c’est d’eux dont j’ai envie de parler. Une histoire sans connard, même si pas sans conneries. Une histoire d’humains parfois perdus, anxieux, déprimés, parfois tranquilles, sereins.

Plus tard, dans mon imagination sont arrivés un groupe de jeunes. Très inspiré des récits de ma merveille et de son frère sur leurs préoccupations, leurs amis. Là aussi, des gentils.

Un éloge de la gentillesse ? ça me ressemble bien, c’est sans doute la qualité la plus précieuse pour moi.