Il y a quelque temps, j'ai rêvé que je devais parler de mon projet de pièce de théâtre "Elle ma compagne" à un professionnel du type programmateur. J'étais dans mon rêve comme je suis dans la vie dans ces circonstances, mais en pire. Hésitante, intimidée, je bafouillais. Et puis, dans mon rêve donc, j'ai fini par résumer le projet comme ceci : "C'est l'histoire d'un couple dont l'un des deux va tomber malade et mourir et dont l'amour est l'arme absolu pour vivre tout ça"

En me réveillant j'avais oublié mon rêve, il m'est revenu plus tard, dans la journée, de façon impromptu.

Depuis je me dis, voilà, c'est ça l'histoire, c'est ça que je raconte. L'amour est l'arme absolu de la vie.

Je tourne cette phrase dans ma tête. J'imagine les sarcasmes des cyniques.
Je repense à mon père qui disait "l'amour ça n'existe pas, il n'y a que les rapports de forces" et je n'en démord pas. L'amour est l'arme absolu de la vie.
Les rapport de forces de mon père, les rapports de pouvoir donc, sont les armes absolus de la mort.
Et je repense à ma mère aussi, à sa période ésotérico-catho qui me parlait de Jésus en me disant "Tu te rend comptes, cet homme là a dit : "aimez vous les uns les autres"" ... Elle disait ça comme si c'était révolutionnaire... Je ne crois pas en Dieu. N'empêche, je crois ça : "L'amour est l'arme absolu de la vie"

Je sais, comme quelqu'un qui croit, que François est partout, avec nous, tout le temps. Je suis toujours si émue de le dire ou de le penser. Je sais qu'il est là, il a toujours son sourire et son regard bienveillant, bien-veillant.
Je suis pleine de ça.
Il est dans les cadeaux que me font la nature, il est dans la parole tendre et juste d'un ami, il est dans les yeux de ma fille, il est dans la patience que j’apprends. Il est dans les milliards d'étoiles du ciel, dans la caresse du vent, la lumière du soleil couchant, il est dans tout ce qui me fait du bien, mon bien-veillant.

Et la vie en moi est si puissante, si puissante que parfois elle en est douloureuse. Parfois j'en pleure, juste de ça, sa puissance enfermé dans mon corps dépassé, submergé.

J'apprends à la laisser circuler, à n'être plus qu'un vecteur. J'apprends depuis longtemps, depuis toujours. C'est l'apprentissage de toute une vie, de plusieurs vie peut être. Ne pas la garder enfermée en soi mais la laisser circuler. C'est mon voyage.

La mort de François m'apprend cela : "la vie est une énergie puissante qui circule. Nous en sommes des vecteurs. C'est un rôle magnifique à jouer, difficile et magnifique. Nous sommes des outils et non des buts, nous sommes des chemins et non des fins. L’énergie de vie n'a pas de fin, seul ses outils s'usent, vieillissent et meurent. L'amour que François et moi vivons est dans cette énergie. François est mort, et mon amour pour lui se transforme. Il se sublimera quand je parviendrais à le laisser circuler à nouveau.

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