J’ai peut être, probablement, un virus ou une bactérie qui me met complètement à plat depuis 15 jours. J’en saurais un peu plus en début de semaine pro quand les résultats de l’analyse de sang et des test PCR seront rendus.
Bon, il faut donc patienter, encore… Accepter cet état de faiblesse générale, sensation de plus de force, batterie complètement à plat, envie de dormir constante. Accepter de se réveiller après une nuit de neuf heures, fatiguée comme si le sommeil n’avait servi de rien. Accepter et éviter de trop cogiter, de se faire des peurs, ne pas laisser l’hypocondrie rajouter une couche d’angoisse par dessus, parce que l’angoisse, ça fatigue… Arrêter autant que possible de se poser un milliard de questions, de douter de tout y compris de ce que je sens dans mon corps.
Remplacer le petit moulin du cerveau qui tourne à vide par de la douceur, de la bienveillance. Oui, un énorme besoin de douceur, de bienveillance, de protection. Ces trois mots sont comme des caresses. Accepter de se cocooner, soi même déjà. Être gentille avec moi. Je ne suis pas très gentille avec moi en générale. Je suis souvent critique à tendance autoritaire. Les phrases qui me viennent spontanément sont plutôt ” Bon allez, bouge toi, si ça se trouve tu te la racontes pour encore glander”. Je bouge et puis je m’arrête parce que ben, je suis fatiguée en faite. Remplacer ça par de l’acceptation, de la gentillesse, des phrases qui dirait ” c’est pas grave, repose toi, cocoon toi, t’as le droit et puis en vrai t’as pas tellement le choix.” Des ” t’inquiète pas, ça passera, laisse passer, ton corps fait du mieux qu’il peut, tu fais du mieux que tu peux”.
“L’état de faiblesse”, j’ai du mal avec ça. Tout le monde peut être. La vulnérabilité… Je me sens très vulnérable depuis le cancer du sein. A tout point de vue, physique et psychologique. Que mon corps s’effondre à nouveau, n’est peut être que le symptôme de mon sentiment de vulnérabilité, ou j’ai chopé un virus ou une bactérie, pas de chance. Accepter ce “pas de chance”. Les explications psychosomatiques sont des tentatives de contrôle, actes illusoires car ne peuvent être que des hypothèses qui tournent en boucles et ne résolvent rien. Trouver du sens ne me soulage plus. Je n’ai plus que l’acceptation pour soutien. Ce n’est pas naturel chez moi, ni spontané, mais je vois bien que mes réflexes d’avant sont obsolètes. Je me rééduque, c’est pas facile, ça fait peur un peu l’acceptation. C’est bizarre parce que je sens bien que dans les faits ça me soulage et dans l’idée ça me fait peur. Acceptation ? Se confond si facilement avec renoncement, abandon. Abandon de quoi ? De la lutte. Est ce que ne pas lutter c’est accepter de mourir ? Et en même temps, mourir c’est bien la chose la plus inévitable même si on est bien d’accord qu’on préfère le plus tard possible.
Qu’est ce que je disais ? Éviter de trop cogiter ? Ah oui, c’est ça. Être un peu plus dans son corps, observer, accepter, les sensations présentes et ne pas oublier d’écouter le chant des oiseaux, là, dans la haie de mon jardin. Aller s’assoir sur un banc tout à l’heure pour regarder la mer et puis rejoindre une amie pour une après midi plaid et série.