pho2000164.jpg, oct. 2020 photo Gilsoub

Elle est là depuis hier. Avant-hier j’avais peur et j’étais triste. Mais depuis hier, c’est la colère qui s’invite. Aucune de ces émotions n’a d’objet précis. Elles sont. Je suis en colère contre tout. Je lis et ça me met en colère, je regarde un documentaire et ça me met en colère. Comme si je ne supportais plus … Rien.

Je vis dans un paradoxe géant. J’ai besoin de compagnie, j’ai besoin d’être seule, j’ai besoin d’écrire, j’ai besoin de me taire, j’ai besoin de crier, j’ai besoin de me changer les idées, de sortir, j’ai besoin de me réfugier. Rien ne m’apaise.

Bon, c’est comme ça, je ne suis pas apaisable. Ça aussi, ça passera.

Ma sœur me demandait : Pourquoi tu n’ouvres pas la porte ? C’est vrai ça pourquoi ? Parce que comme un lion en cage, je me sens enfermée. Avec l’envie de sortir, mais pas la clé. Il ne s’agit pas de sortir de chez moi, en fait, il s’agit d’être ailleurs que dans ce moment. Je suis un lion dans la cage du cancer. Je ne sors de chez moi que si j’ai un but, une destination, un rendez-vous, je n’arrive pas à sortir pour aller me promener. Je n’ai pas envie d’aller me promener. Si, j’ai envie d’aller me promener, une voix en moi me dit « ça va te faire du bien » et puis je ne le fais pas. Je trouve tout moche ! Donnez-moi un océan ou une montagne mais putain le bord de Loire j’en peux plus ! Je suis en colère de cet immobilisme aussi.

Je me sens comme une merde. Je suis nulle comme malade. Je ne suis pas foutue de prendre soin de moi. Et je ne suis même pas foutu de me pardonner de pas savoir.

J’ai envie de dire « fermer vos gueules les gens ! » autant que de dire « aimez moi ! ». A moins que ce ne soit à moi que ça s’adresse.

Je descends, je descends. Ça aussi ça passera.

J’ai envie de crier, de dire des injures, putain de merde de chiotte à cul ! Ahhhhhhhhhhhhh !!!!!

C’est pas beau, c’est pas zen, c’est pas positif, et ben j’emmerde tout ça ! Putain de bordel de merde ! C’est vivant !