IMG_2387stgueete22_DxO.jpg, oct. 2022
photo Gilsoub

Alors voilà, (comme dit un médecin connu), j'ai vu l'oncologue. Une jeune femme très gentille, comme la chirurgienne, bon contact.

C'est la merde. Organisationnellement, c'est la merde. Je vais avoir une chimio tous les 15 jours jusque début décembre puis toutes les semaines jusqu'à fin mars/début avril. Ma première chimio est le 24 octobre. Le début de la chimio ayant déjà été reculé à cause de la deuxième opération, reculer encore lui paraissait risqué. Elle m'explique que la chimio c'est pour les cellules cancéreuses qui se baladeraient dans le corps, qui se seraient échappées via le sang. Si on attend trop longtemps, le risque c'est qu'elles se fixent et que ça reparte en tumeur. Donc faut pas trainer plus pour que ça ait du sens. Conséquence, au revoir première semaine de vacances en Bretagne. Allez Luce, on s'accroche au côté positif et on se dit qu'au moins je pourrais y aller la deuxième.

Le rythme est soutenu, c'est lié à "la carte d'identité de mon cancer", ce fameux triple négatif de merde !

Le premier protocole, on va m'injecter deux produits. Je vais perdre mes cheveux deux à trois semaines après la première injection et peut être aussi les autres poils mais pas sur. Je vais être très fatiguée, et je vais avoir des effets secondaires surtout la première semaine après l'injection, telles que les nausées. Nausées qui seront tenues en laisse par tout un arsenal de médicaments à prendre avant et après l'injection. Je vais avoir des prises de sang à faire 48 heures avant et des piqures 3 jours après pendant 5 jours.

En écrivant tout cela, je me dis "bon, ça y est, je vais avoir une vie de malade". Ma vie va être rythmée par les soins et les symptômes.

Le deuxième protocole est plus contraignant puisque toutes les semaines, mais on ne va m'injecter qu'un seul produit et j'aurai moins d'effet secondaire et moins de fatigue.

Il est peu probable au vu du rythme des chimios que j'ai beaucoup l'occasion d'aller en Bretagne cet hiver. On aurai pu organiser tout le protocole là bas mais pas de séances ponctuellement et ma vie de famille ne me permet pas d'aller vivre ça là-bas. On verra. Peut être que quelques fugues pourront s'organiser. Je me console en me disant que l'été prochain, les traitements seront derrière moi et je pourrai enfin y passer tout mon temps, et puis dans deux ans, je m'installe définitivement là-bas. C'est quoi deux ans dans une vie ? Rien du tout...

Après la chimio j'aurais de la radio-thérapie, ça c'est pour le deuxième nodule, hormonodépendant qui lui ne répond pas à la chimio et la radio thérapie va agir localement. Tout ça devrait m'emmener jusque fin juin. Le tout aura pris un an de ma vie.

Émotionnellement ? Je me suis effondrée sur un banc en sortant du rendez-vous, j'ai sangloté a gros bouillon pendant une ou deux minutes peut-être et puis ça c'est tarit comme c'est venu. J'ai appelé mon homme et on a tout de suite parlé gestion, organisation, alors l'émotion a été refoulée. Après j'ai appelé ma sœur pour lui demander de passer me voir cet après midi. J'ai raccroché. J'ai repris la voiture. Je me suis garée à côté de la maison et j'ai re-pleuré un petit coup. Ça fait comme des petites soupapes de sanglots, ça s'arrête comme c'est venu. Vite.

Ce qui reste là, à l'instant, c'est la fatalité. Pas d'autre choix que d'accepter. Et puis, ne plus rien prévoir, vivre au jour le jour, décider au dernier moment. Je ne veux plus me projeter. Je ne peux plus me projeter, en tout cas pour l'année qui vient. "On verra" va devenir ma phrase récurrente. Et une envie de préparer mon corps à ce qui l'attends, je ne sais pas trop comment... On verra...