La maison de Tours s’est vidée lentement toute cette journée. Toutes portes ouvertes, il faisait froid et nous étions spectateurs de cette tranche de vie qui s’étiolait sous la danse des déménageurs. Que cette journée m’a semblé longue. Puis il a fallu nettoyer les 4 étages. Mes sœurs sont venues à la rescousse. Le lendemain, en fin d’après midi, la maison était vide et propre. Sous la fatigue, les nerfs à bout de toute cette charge mentale, l’émotion est montée. Je me suis isolée dans ce qui était ma chambre et j’ai dit pour moi et pour celui qui n’est plus là ” Merci, de cet abri que tu nous as offert, dans cette maison, j’ai pu élever notre fille. J’espère y avoir laissé, imprégné dans les murs, beaucoup d’amour pour les suivants”.

J’ai fait le tour de chaque pièce, laissant des images revenir. Juste après l’enterrement de François, la maison pas encore habitée, un buffet pour les invités qui vont et viennent, se projetant dans cet espace vide. J’entends encore leur voix ” Tu pourrais faire ça ici, et là…” Et puis les premiers semi-versaires de la merveille, avec des enfants plein de couleurs et de rire dans leurs divers déguisements. Les cris de joie de la merveille ” Maman, on a un vrai jardin !”. Et puis Léo venu avec un ami pour m’aider à repeindre les murs. Des images du début surtout. Et puis un tout petit peu plus tard, moi, assise dans le grand fauteuil face à la baie réalisant à peine que cette maison était la mienne.

On est sorti, j’ai fermé la porte à clé et je suis allée voir Léo. On s’est fait un gros câlin, on a parlé de son père, de la maison. Puis j’ai rejoint Gilles et ma soeur pour une soirée de réconfort avec cuisine chinoise livrée a domicile et série chinoise.

Ce matin, on a pris la route vers notre Bretagne avec Gilles, mon amoureux, mon homme d’aujourd’hui depuis 8 ans, en route pour cette nouvelle vie qu’on se fabrique. Excitée et encore pleine de fatigue de ce dernier mois à tout préparer. Et puis on est arrivé, un rayon de soleil pour nous accueillir, les chants des goélands. Ouvrir la maison, découvrir sur la table une bouteille de champagne laissée par nos amis d’ici en guise de bienvenu. De l’émotion, là encore, le cœur tout gonflé d’amour.

C’est un jour à dire qu’il est le premier du reste de ma vie.