Il avait ce teint olive qu'ont les hommes venant du sud, aussi exotique qu'un papillon dans cette contrée du grand froid. Il avait décidé de prendre ses quartiers ici. Jusque là sa vie avait été une grande ratatouille, délicieuse certes, mais aussi confuse. Il devait rester concentré, pas question de finir cette histoire en saucisson, Il ne devait pas se tourner vers son passé. Il était venu ici pour devenir le grand Ténor de la dame du froid, en apparence tout au moins. Mais il ne perdait pas de vue son objectif, le dernier ultimatum qui marquerait la fin de son voyage. Face à elle, pendant qu'il lui souriait, il sentait une vague nausée qu'il devait contenir. Le repas allait être servie, elle le convia à sa table. Au menu on y servait du Wapiti.

- Alors dîtes moi, Xénon, quel étrange nom, pourquoi vous appellent on ainsi ?
- C'est parce que je suis comme ce gaz du même nom, noble, inodore et incolore, inconnu, étranger, rare et le plus cher.

Elle rit de son rire de cristal, et cela le transperça.

- Je vous prenais pour un de ces Yankee, qui débarque chez nous en trop grand nombre, depuis la grande désertification de l'hémisphère sud. D’où venez-vous ?
- De partout et de nul part. Je suis le point zéro, l'origine d'une histoire dont on ne sait rien encore
- Vous cultivez le mystère.
- Non, madame, pas autant que vous. Je m'attendais à vous voir entourée de mille courtisans, comme le sont généralement les êtres de pouvoir. Souffriez-vous d'agoraphobie ?

Elle rit encore, mais cette fois le cristal de sa voix se brisa.