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Photo Gilsoub

J'ai lâché la reine des glaces et Xénon. La rentrée est passée par là et comme parfois on n'ose rappeler des amis qu'on n'a pas contacté depuis longtemps, je ne trouve plus l'élan de m'y remettre. J'ai laissé passer au moins deux alphabets. ça devient abyssal. Je le regrette parce qu'ils m'amusaient bien ces deux là.

La merveille est entré au Cm1, a repris ses cours de clarinette, a commencé la danse classique. Moi j'ai remplacé l'aviron par le gong fu. Rappelez-vous, j'en avais eu le projet il y a trois ans et cela n'avait pu se faire. Et bien voilà, c'est fait. Et je reprends également les stages de danse contemporaine, 1 week-end par mois.

Côté boulot, je continue mes ateliers au lycée, j'ai ouvert un cours adulte amateur en plus.

ça nous fait des semaines et parfois des week-end bien remplis.

Je me sens souvent épuisée en milieu d'après midi. Je suis prise d'une envie de dormir presque insurmontable. ça me rappelle de mauvais souvenirs. La première année du deuil ou je passais tant de temps à dormir. C'est difficile d'accepter ma fatigue. Un ami me plaisante souvent en me disant: "Et oui, tu n'as plus vingt ans" et je grogne. Mais il a raison, j'ai 25 ans de plus, 25 ans de vie bien remplie, de chocs, de joies. La vie est fatigante et usante. Il faut bien l'admettre.

J'ai retravaillé encore le texte "Elle ma compagne" pour la version édition. J'ai tout retraversé, encore. C'est la forme du récit qui m'absorbe, mais parfois je me laisse surprendre : "Ah oui, j'ai écrit cela" C'est drôle comme on oublie que l'on sait. On revit encore et encore les mêmes émotions, doutes, questionnements, alors qu'on a déjà traversé cela, déjà compris, déjà trouvé des réponses qu'on oublie au fil du temps. Je dois le laisser reposer maintenant, mais il me faudra encore y revenir. M'assurer que ça tient, peaufiner les détails. Ensuite il faudra que j'écrive un texte de présentation pour l'envoyer à des éditeurs. Mais on en est pas encore là.

J'ai avancé cet été sur le projet du documentaire, et là je stagne à nouveau. Ce projet passe sont temps à m'échapper. Qu'est ce que je veux raconter déjà ? Pourquoi ? C'est étrange, quand j'en parle on me dit que c'est très claire, que tout est déjà là, mais quand je dois écrire sur ce projet, je n'arrive plus à poser des mots. Tout se brouille. (projet documentaire: "recueillir des témoignages de patients, proches et personnel soignant autour de la maladie et la mort". Pour faire court)

La pièce de théâtre est en standby jusqu’à l'année prochaine. Une histoire de planning. Mais le plus pénible reste à faire. Chercher des sous pour la création. ça aussi, j'ai l'impression que c'est une montagne.

Quand je n'arrive plus à avancer sur ce chemin, je me demande si je dois vraiment le faire, si je veux vraiment le faire, si j'en ai besoin. Dans cette démarche il y a des étapes qui me font vraiment peur. Peur de ne pas y arriver, peur de renoncer, de baisser les bras. Il y a en moi quelque chose qui trouverai ça tellement dommage, un gâchis, et une part de moi qui trouverai ça plus facile.

La seule chose que j'arrive à faire seule c'est écrire. Après, j'ai besoin d'une altérité pour avancer. ça me manque ça, une ou des personnes qui auraient du temps, qui seraient vraiment disponibles pour m'accompagner sur la route. ça, j'ai vraiment peur de ne pas trouver et d'en être bloquée.

Et puis il y a des instants tranquilles, des instants joyeux, des instants volés, à qui ? à quoi ? je ne sais pas. Mais je les sens volés, chapardés. Des instants qui m'ouvrent l'appétit et donne envie de plus. Ils sont comme les échantillons d'un parfum, le flacon est trop cher...

J'aimerai que mes désirs soient plus accessibles, que mon chemin soit plus facile, que vivre me fatigue moins. Parce qu'alors, je pourrais être moi... Mais je sais, oui je sais que ce "moi" est un "moi" rêvé. Je suis déjà "moi", réelle, et je ne m'aime pas assez, pas encore assez telle que je suis, avec mes limites... Mes limites...