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C'était tellement dur de sortir de mon lit ce matin. Toute ensommeillée encore j'ai suivi la merveille dans ces habitudes matinales jusqu'à ce qu'elle parte à l'école. Seule, avec mon bol de thé, j'ai laissé dérivé mon regard par la fenêtre et j'ai regardé le jour se lever à son tour. Quand le ciel est dégagé comme ce matin, j'aime voir le soleil se lever.

La mer me manque... Par des matins comme celui là, je serais sorti pour marcher sur la plage, tôt le matin j'aurai croisé à peine une ou deux personnes, promeneurs de chiens ou joggeurs. J'aurai laissé mon regard se perdre sur l'horizon, le bruit des vagues bercer mon réveil. Je serais revenu à la vie dans la douceur de son chant. La mer me manque...

Ici, il y a la Loire, c'est beau aussi, mais ça n'est pas l'océan.

Je suis emmitouflé dans mon peignoir, j'écris depuis mon bureau à côté de la fenêtre, vu sur le jardin arboré du voisin. Je pense que je devrai sortir me promener. Mais de l'autre côté, il y a toujours le bruit de la ville, je n'ai pas envie de la traverser.

Je suis seule à nouveau. J'ai dit "au revoir" à l'amant et j'espère bonjour à "l'ami". Je suis seule à nouveau, c'est bien, en tout cas, c'est juste. Facile ? Non, pas facile. Enfin si, à côté de ce que j'ai déjà traversé, c'est facile. Je me suis dit ça ce matin, je ne m'attendais pas qu'au bout du compte "ma grande épreuve" m'est rendu si solide. Je me suis sentie si souvent, si fragile. En tout cas, je suis assez solide pour être seule à nouveau, assez solide pour être fidèle à moi même, assez solide pour me retrouver, assez solide pour écouter mes rêves et croire qu'ils peuvent advenir. J'ai peur, bien sur. Mais j'ai toujours eu peur. Je regarde ma peur bien en face et je peux lui dire "tu n'es que ma peur, tu n'es pas ma vie".

Et puisque le bruit de la ville fait écran entre moi et la nature, je contemple de l'intérieur. Je laisse dériver mes pensées au gré du vol des tourterelles qui vont et viennent du toit d'à côté aux arbres voisins. Je n'écoute pas de musique. J'écoute le presque silence.

Petit à petit mon corps s'éveille. Il n'est pas encore sorti de l'inertie du sommeil. Je pense à la brutalité des réveils de la plupart des humains, prisonniers plus ou moins consentant, parfois pas du tout, d'une arythmie sociétale.

Je m'interromps, un héron cendré vient de traverser mon ciel

Je pense à ces humains donc, et j'ai conscience de ma chance. Je crois que je n'aurai pas pu survivre à cette brutalité. Je serais morte d'une maladie que le monde d'aujourd'hui sait si bien créer. Une chance, un choix, une façon de survivre, peu importe au fond. C'est ma vie, elle me ressemble, c'est à ça que j'ai travaillé depuis que je suis en age de le faire. Vivre une vie qui me ressemble...