J'ai vu Spotlight au cinéma, quand était-ce déjà ? Dimanche, oui, c'est cela. Je conseille plus que vivement ce très beau film.

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Le pitch dit : "Adapté de faits réels, Spotlight retrace la fascinante enquête du Boston Globe – couronnée par le prix Pulitzer – qui a mis à jour un scandale sans précédent au sein de l’Eglise Catholique. Une équipe de journalistes d’investigation, baptisée Spotlight, a enquêté pendant 12 mois sur des suspicions d’abus sexuels au sein d’une des institutions les plus anciennes et les plus respectées au monde. L’enquête révèlera que L’Eglise Catholique a protégé pendant des décennies les personnalités religieuses, juridiques et politiques les plus en vue de Boston, et déclenchera par la suite une vague de révélations dans le monde entier."

Mais ce que le pitch ne dit pas se sont les questions que le film posent qui sont, je pense, essentielles, notamment la responsabilité individuelle et collective dans le déni de la souffrance de tous ces enfants violés. Le film rend compte de cette réalité. Alors bien-sur, vous n'aurez peut être pas envie de vous confronter à cette horreur, la vie est déjà si dure n'est ce pas, et c'est ainsi que commence le déni, comme une réaction pour se protéger soi d'abord, de la vision insoutenable que cela nous évoque, car bien sur dans le film rien n'est montré, quelque témoignages de victimes après les faits, mais ce sont bien les visions que le récit provoque qui par rebond provoque le réflexe du déni. On se protège soi, on se protège entre soi, on protège la ville, on protège l'église, de l'infiniment intime à l'infiniment universel, tout le monde se protège et tout le monde oublie au passage de protéger les enfants violés.

Ce film m'a bouleversée. Il a réveillé ma colère et ma volonté d'être parmi ceux qui ne se taisent pas.

Je m'étais faite à l'idée, que c'était tellement violent à recevoir, que c'était une histoire dont personne ne voulait, que c'était une violence et une responsabilité que d'en infliger le récit aux autres. J'avais, à force de silences en réponse, ou pire d'agressions, renoncé à raconter. J'avais, après des années a essayer de parler, de faire entendre ma voix de témoin, j'avais baissé les bras, tourné la page. Ce film m'a rappelé une chose très importante, c'est que ça continue. D'autres enfants sont victimes de viols, d'inceste, tout ces mots tabous qui effraient. Et le déni est toujours au rendez-vous de cette horreur, infligeant sa double peine.

Allez voir ce film, ce n'est qu'un film après tout. Vous vous en remettrez. Et parlez, parlez, parlez, jusqu'à ce que la protection bascule enfin du côté des victimes !