Je n'ai aucune place en moi pour aucune guerre que ce soit. Le clivage constant, partout, amour/haine, pour/contre, la colère en réponse à la peur qu'on nous agite. Je n'ai aucune place en moi pour cet environnement contemporain. Le regarder m'épuise, le sentir me désespère. Il y a quelque chose de vain dans cette agitation, vain et stérile.

Je me recroqueville à l’intérieur de mon microcosme. Ma vie, celle de mes proches. Je n'ai jamais été équipée pour m'occuper du vaste monde. Si je le laisse entrer en moi, il m'éparpille, me disloque, me désintègre, sans que jamais je ne disparaisse, non, mais que toujours je souffre. Ma vie, celle de mes proches, c'est déjà tellement.

Mon beau fils est à l’hôpital psychiatrique depuis plusieurs jours, il y est allé de lui même, parce que sa souffrance lui donnait l'envie de mourir. Il est à l'hôpital psychiatrique, pris en charge et protégé du monde. c'est un tout petit peu de soulagement déjà. J'ignore ce qui pourra l'aider à se réconcilier avec lui même, à trouver du sens, à laché prise, à... Il est à l'hôpital psychiatrique. Je suis allée le voir. Me coltiner à mon impuissance. Être là. Au retour des flash de notre histoire commune, nos échanges quand il avait 12 ans, 15 ans, 20ans, etc... Son père. Mort... Je choisi d'être là. Je choisi ? Je ne choisi pas ce que ça me fait. ça me le fait, c'est tout. Lutter contre ce que ça me fait ? Encore une guerre stérile. ça me le fait, c'est tout. Je cherche l'équilibre, présence, émotions, protections.

Une de mes amies a un cancer du poumon. Être là. Je l'emmène en voiture voir son médecin généraliste. Je la regarde se déplacer à petits pas, maigre et le dos vouté. Flash, François, cancer du poumon, mort. Je choisi d'être là. Je ne choisi pas ce que ça me fait, ça me le fait c'est tout. Équilibre, équilibre, équilibre.

Une de mes sœurs à le pied dans le plâtre et c'est une galère pour elle au quotidien. je voudrais être là pour elle, mais je n'ai pas trouvé le temps depuis que je suis rentrée. Ce n'est pas grave, elle comprend, je comprend, tout le monde comprend. Mais je voudrais être là...

J'interroge cette volonté d'être là. Et je me souviens que quand François est mort, je n'étais pas là... Trauma, trauma, traumatisme... Là aussi, je cherchais l'équilibre entre présence, émotions, protections. Plus loin encore, surement, un karma ? Une signature, une identité ? Être là. Pour tout ceux qui n'ont pas été là quand j'avais besoin de protection enfant ?

Il ne s'agit pas de renoncer. Il s'agit juste de trouver cet équilibre, serein, entre le trop et le pas assez.

Et je me destine à devenir psychotérapeute... Est ce bien raisonnable ?