887F2B16-D69A-40C4-AA7C-CE961C1137D7.jpeg, août 2022

Depuis l’opération, je dors mal. 2 nuits en saut de puces de sommeil. Ce n’est pas la douleur qui me tient éveillée, je ressens plus une gêne qu’une douleur et c’est très bien géré avec le doliprane. C’est plutôt que j’ai l’habitude de dormir sur mon côté gauche et que là, je ne peux pas. J’ai plus mal au dos qu’ailleurs du changement de mes habitudes. Sans doute aussi, une forme de stress post opératoire, mon corps en hyper vigilance… Encore … Tant et si bien que je suis toujours très fatiguée et quand je suis fatiguée j’ai envie de pleurer et quand j’ai envie de pleurer mon cerveau cherche des bonnes raisons de le faire parce qu’opération d’un cancer du sein apparemment ça ne lui suffit pas alors il imagine et il a beaucoup d’imagination. Je le récupère en route, j’ai mes petits mantras « je suis calme, je suis sereine, je suis guérie, je suis en sécurité etc. » quelquefois ça fonctionne, quelquefois pas.

J’ai beaucoup pleuré hier. Beaucoup ? Disons oui, beaucoup pour une seule journée. Le matin, toute seule dans le jardin, j’ai pensé à mon besoin de douceur pour compenser l’agression de l’opération. Plus tard quand ma sœur est venue juste parce que je lui ai dit que j’avais envie de pleurer je me suis mise à pleurer et j’ai prétendu n’avoir aucune raison ce qui l’a fait sourire. Elle m’a dit que j’avais de la chance de réussir à pleurer. Plus tard en début de soirée, avec mon amoureux, des gros sanglots de petite fille et plus tard avec ma fille quand je lui ai dit que je voulais la protéger de mes émotions mais que la protéger c’était me couper d’elle et que ça, ce n’était pas possible. Elle m’a dit que je n’avais pas besoin de la protéger de mes émotions, qu’elle savait gérer, qu’elle était habituée. Elle m’a fait sourire dans mes larmes.

Il y a un décalage entre celle que je voudrais être et celle que je suis. J’aimerai avoir le moral, me réjouir que les 2 bidules ne soient plus dans mon corps. J’aimerai être drôle comme mon ami Nicolas ou comme ma sœur Aude. Mais je n’y arrive pas. Je suis dans ma peau de petite fille et celle-là ne sait que pleurer. Un sac de larmes qui semble intarissable. Elle se pointe toujours quand ça barde. Je la reconnais. Elle était là après la mort de François. C’est la petite fille polytraumatisée, multi-résiliente, fatiguée, tellement. Et je pleure encore en écrivant cela. Une pleureuse, c’est celle que je suis depuis le réveil de l’opération.

Mon corps tremble comme une feuille. Ça circule, l’énergie dedans. Mon cœur bat fort, je le sens.

Je sais bien que le seul chemin c’est celui de l’acceptation : « tu as envie de pleurer ? Pleure. A qui ça fait du mal ? A personne. Laisse couler, l’eau salée, laisse ton corps gérer, c’est lui qui mène la danse. Il pleure ? C’est que c’est ce dont il a besoin. Tu n’as pas à juger l’émotion, elle est là, elle a une fonction, elle fait son job. Aie confiance, laisse faire. »

Aie confiance… Laisse faire…